Mardi 20 Juillet

Nous avons dormi comme des rois. Réveil agréable par le va et vient des pigeons sur le toit en tôle.Il fait déjà chaud.

Le petit déjeuner est servi près de la réception sur une terrasse face à la mer. jus de watermelon (pastèque), café, toasts et lait pour Baba. C'est bien sympa.

Nouveau bain dans la mer de Chine. Pendant que je prépare les bagages, Willy étudie la route et Baba se fait une copine dans la petite piscine devant les chalets. Au moment du départ elle lui offre un message d'adieu. Nos voisins nous souhaitent bonne route.

Nous traversons des paysages magnifiques, les plages sont désertes, beaucoup de petits villages de pêcheurs aux habitations très modestes. Il faut constamment ralentir pour laisser traverser les chèvres, les buffles.
Les petits écoliers rentrent chez eux. Ils sont en groupes. Les filles en robe longue bleu vif et voile blanc, mêmes les petites de cinq ans. Les garçons en pantalon bleu et chemises blanches impeccables. Tous ont un petit sac à dos et une petite thermos à la main. Ils sont mignons comme tout, J'essaie d'en prendre en photos.
Dans les villages on commence à voir apparaitre les rickshaws. Aucun complexe touristique, la côte est vierge des centaines de kilomètres de plage au sable fin et à l'eau limpide. Derrière les plages, des palmeraies où sont installées les maisons sur pilotis des pêcheurs avec tout autour la basse-cour et les enfants insouciants. Les gens ne sont pas habitués à voir des blancs mais les visages ne sont pas hostiles, ils sont surpris et souriants. Les touts petits enfants nous interpellent : «hello» Sans doute le seul mot d'anglais qu'ils connaissent.

RANTO AMBANG
Willy veut absolument monter jusqu'au centre d'observation des tortues. On peut louer des bungalows très rudimentaires en bordure de plage. Ce que nous allons faire.
Arrêt au Centre National d'Observation des tortues. Nous lisons attentivement les explications et regardons les photos. chaque année entre juillet et septembre, les plus grosses tortues du monde rampent péniblement sur la plage (généralement après minuit) pour pondre chacune entre 80 et 100 ufs.
Elles creusent un petit cratère afin de déposer leurs ufs avant de retourner à la mer. Les ufs écloront 50 à 60 jours plus tard. Les tortues parcourent en mer des distances considérables, on peut les retrouver au Japon. Il ya peu de temps encore les ufs étaient recherchés pour des vertues aphrodisiaques, ce qui menacait l'espèce. Le gouvernement a donc délimité et surveillé les zones de pontes en autorisant la population à récolter les ufs quand 40000 bébés tortues ont gagné la mer.

Arrêt au «Meranto Inn». L'entrée est assez clinquante avec un grand panneau lumineux indiquant les prestations. Un car est garé dans la cour. Nous pensons que ce sont peut être des voyageurs de passage. En fait il n'y a personne, ce car devait être hors d'usage depuis quelque temps.
Passage à la réception, deux personnes dorment. Ellesnous donnent des clés pour visiter un bungalow. Les bungalows sont loin de la réception, il faut traverser une rivière par un petit pont, marcher un peu et ensuite on aperçoit une dizaine de constructions placées directement au bord de la plage. Le confort est sommaire, deux lits, une douche rustique, et un ventilateur. Baba et moi, nous nous regardons pensant que cette étape sera aventureuse. Willy marchandera un peu le prix de la location.

Nous nous baignons tout de suite.
Etrange, personne sur cette plage immense. Les bungalows sont vides. et pourtant des vestiges des années passées témoignent d'une activité. Bancs le long de la plage, transats encore en bon état mais abandonnés, poubelles propres, robinets à proximité des chalets mais pas d'eau. Où sont donc les clients? La plage est propre, aucun papier, aucune bouteille. On a l'impression de traverser un no man's land .
Mer très chaude, limpide, mais la plage descend très vite, nous ne nous éloignons pas trop. Ces kilomètres de plage désertes paraissent incroyables. J'ai l'impression de rejouer «La nuit de l'iguane». Drôle d'atmosphère! Nous repassons par la réception toujours aussi mystérieuse. Nous sommes surement les seuls blancs de l'endroit.
Verrons nous des tortues cette nuit ?

Nous rencontrons deux autres français. Ils attendent les tortues depuis deux jours et deux nuits sans succès. Nous leur apprenons que la dernière apparition remonte au début du mois. Ils nous déconseillent le restaurant du «Méranto». Cher et pas bon.
Après une bonne douche nous irons «en ville» diner.
Finalement nous sommes tous les cinq les seuls touristes du «Meranto Inn».

Recherche d'une gargotte. Au marché de nuit, il faut manger avec ses doigts Après beaucoup d'hésitation nous entrons dans une gargotte. La seule chose qui rassure Baba, deux autres blancs mangent.
Les femmes sont voilées, elles nous font choisir les plats directement dans la marmite. Willy commande un poisson, Baba du riz frit (valeur sûre pour les intestins) et moi du poulpe. Allons nous avoir des couverts ? Oui les blancs ont toujours une fourchette. D'un air sombre et sans conviction, Baba mange un riz très épicé, je mange mon poulpe sans trop chercher le goût. Il ne faut pas penser à la manière dont on cuisine ici. Tout à l'heure, un serveur prenait directement le riz dans la gamelle, à l'assiette. Les couverts sont apparament inutiles. Baba d'un air de plus en plus sombre rêve à des burgers, Willy rêve à une bière. Ce soir encore nous sommes au coca. Servis sur une montagne de glace pilée, je me dis qu'il y a sûrement pas mal d'amibes dans cette eau là.
Nous mangeons pour 11 ringitt (env. 25F).

Retour à notre petit home, à la réception toute la famille est devant la télé.

Oh surprise, dans notre bungalow plusieurs geckos se sont déjà installés pour la nuit.
La grosse question maintenant est la répartition des lits. Il y a un lit une place et un lit deux places. Baba ne veut pas dormir toute seule et moi non plus. Nous dormirons donc toutes les deux. Installation minutieuses des «sacs à viande». Il n'y a pas de drap ici. Baba et moi installons des tee-shirts en guise de taies d'oreiller. Willy se prépare à une bonne nuit et met sa montre à sonner à 1hOO du matin pour voir les tortues. Baba se venge sur des gateaux secs d'une air pensif. Puis nous essayons de dormir.
Brusquement deux geckos se manifestent par leurs cris, Baba et moi nous fonçons sous nos sacs malgré la chaleur intense. Baba est en nage, nous n'osons pas sortir la tête. Willy râle... Nous nous calmons, puis les geckos recommencent et nous sommes de nouveau sous nos tentes. Willy explique que ces petits lézards translucides ne peuvent pas tomber sur nos têtes et qu'ils sont très utiles puisqu'ils mangent les moustiques. Comme Willy en a marre d'entendre nos cris, il vient dormir avec nous. Cette fois on a très chaud à trois dans le lit. Baba entre nous deux se rassurre et nous nous endormons.
Deux hannetons foncent au-dessus de nos têtes, les geckos clapent du bec. Alerte aux abris : Baba et moi sous nos draps ! Willy nous ordonne de sortir de la dessous. D'une petite voix, Baba répond que c'est un réflexe. Nous n'en pouvons plus de rire. Enfin très tard nous nous endormons.
A une heure le réveil sonne, Willy va voir la plage, pas de lumière, donc pas de tortues. il revient se coucher dans son lit cettte fois.
Mercredi 21 Juilllet

Réveil doux, il fait déjà chaud, très chaud, il n'est que 9h30. vite nous partons déjeuner. Suite du film «la nuit de l'iguane». La salle est inoccupée, l'atmosphère toujours étrange.
Dernier bain avant de partir. Mer calme, pas de vent, plage déserte comme abandonnée, bungalows désespérément vides, tout cela nous laisse une drôle d'impression, nous ne prenons même pas de photos.

Départ à midi. L'étape suivante sera Kuala Terranganu, ville tranquille, célèbre pour ses batiks et capitale de l'état du Terranganu.
Le long de la route, nous traversons de multiples villages de pêcheurs, nous nous arrêtons souvent pour prendre des photos et aussi pour parcourir un peu ces villages à pied. On ne se lasse pas de ces paysages sauvages. tout est encore intact , le tourisme n'est pas encore arrivé.

Il faut rouler très prudemment et ne jamais relacher son attention, car buffles et chèvres traversent sans crier garepour aller d'une maison à une autre. Baba prend son appareil pour photographier quatre petits enfants en route pour l'école main dans la main. Ils sont marrant avec leurs petits sacs à dos et s'arrêtent pour laisser Baba faire son cadrage.

Plus loin nous visitons un ilot de pêcheurs (relié à la terre par une passerelle de bois). Les habitants sont très pauvres, les odeurs de poisson tellement fortes que Baba a mal au cur. Il fait une grosse chaleur.

 

14h00 Arrivée à Kuala Terranganu.

Willy qui n'a pas bu de bière depuis plusieurs jours, cherche fébrilement une gargotte chinoise qui lui permettra de déguster une Guiness.

Baba n'a pas faim et moi non plus. J'ai vu les cuisines avant d'entrer. La vaisselle se fait accroupi sur le trottoir. Je remarque que les chinois essuient leur couvert avant de manger et conseille vivement à Willy d'en faire autant avant d'attaquer ses noddles

Nous allons nous offrir une bonne étape à l'un des meilleurs hôtels de la ville. Chambre sympa, restau agréable, chouette piscine. Baba a l'il à nouveau vif, elle est toute ragaillardie.

Le soir un petit cadeau nous attend sur chaque oreiller : un chocolat dans un mini-paquet décoré par une orchidée. Baba toujours rusée écrit Terima Kasi sur un des emballages, ce qui lui vaudra un autre cadeau le lendemain.

Jeudi 22 Juillet

Journée relax, pas de route à faire aujourd'hui.

Nous passons toute la matinée à trainer sur le marché, incroyables étals de fruits et de légumes. Léon n'en reviendrait pas de voir la longueur des haricots verts. C'est la saison des durians, leur odeur forte règne partout.

L'après-midi nous visitons un centre artisanal de produits malais où nous achetons quelques batiks.

Nous essayons de visiter le State Muzium sans succès : impossible de connaitre les horaires. comme c'est la veille du jour férié musulman le musée est fermé.

Retour à l'hôtel, Baba se jette dans la piscine pendant plusieurs heures.

Le soir, repas gourmet au Cascade Grill. Un groupe d'australiens installé derrière nous, nous agacent en photographiant tous leurs plats. Nos estomacs ne sont plus habitués à des mets aussi délicats.

De retour dans la chambre, Baba et moi comptons nos piqures de moustiques. J'en suis à 32.

Vendredi 23 juillet

Départ de Kuala Terranganu. L'objectf de l'étape d'aujourd'ui est Kota Bharu : capitale de l'état du Kelatan.
Cette ville n'est qu'à quelques kilomètres de la frontière Thaï. Nous aurons beaucoup de visites à faire et nous prévoyons deux nuits.

Aujourd'hui est jour férié musulman : sur la route, tous les hommes se dirigent vers les mosquées, tapis de prière sur l'épaule. Tout est fermé dans les villages. Il faut encore s'arrêter fréquemment pour laisser traverser buffles et chèvres. Nous quittons la côte pour prendre une route intérieure, les paysages sont différents, beaucoup plus de cultures.

Arrivée à Kota Baru en début d'après-midi.

Willy adopte la même technique, en rentrant dans la ville il cherche une gargotte chinoise. La ville est déserte tout est fermé.
Nous repartons nous installer à l'hôtel. Le personnel féminin de la réception est voilé. Le groom qui prend nos bagages est géant et très gros, il a l'air de sortir tout droit du Palais de Topkapi dans son habit bariolé. Je pense qu'il s'agit d'un eunuque. Il tortille des fesses en portant nos bagages et donne une tape amicale sur l'épaule de Willy. Une fois dans la chambre nous rigolons Baba et moi. Willy a la même impression que moi, Baba demande quelques explications

Nouveau départ pour la ville, Baba a repéré un MacDo dans le centre.
Etonnant ! les serveuses font leur travail en pantalon bleu marine cintré, chemisier à carreau et voile ! Toujours avec le sourire. Les serveuses du MacDo de la côte Est, c'est une image que nous ne sommes pas près d'oublier.

Tout aussi étonnant ce matin, ce sont les femmes qui servent l'essence, elles sont voilées. Sur la route nous avions aussi croisé des femmes en moto avec un casque sur leur voile. Ici le port du voile ne pose pas de problèmes.
Hier soir le long de la mer, tous les habitants faisaient leur promenade (c'était la veille du jour férié), certaines filles en jean, tee-shirt et voile, d'autres en survêtement et voile.
C'est peut-être cela l'islam véritablement intégré dans la vie quotidienne. En tout cas c'est un islam gai.

Ce soir Baba compte mes piqures: 38.

Willy parle de mieux en mieux le malais, les gens sont épatés. Il connait beaucoup de vocabulaire et sait très bien compter, cela fait plaisir aux malais. Baba s'y met aussi, tout comme à l'anglais.