Nous avons dormi comme des rois. Réveil agréable par le va et vient des pigeons sur le toit en tôle.Il fait déjà chaud.
Le petit déjeuner est servi près de la réception sur une terrasse face à la mer. jus de watermelon (pastèque), café, toasts et lait pour Baba. C'est bien sympa.
Nouveau bain dans la mer de Chine. Pendant que je prépare les bagages, Willy étudie la route et Baba se fait une copine dans la petite piscine devant les chalets. Au moment du départ elle lui offre un message d'adieu. Nos voisins nous souhaitent bonne route.
Nous traversons des paysages magnifiques, les plages sont désertes,
beaucoup de petits villages de pêcheurs aux habitations
très modestes. Il faut constamment ralentir pour laisser
traverser les chèvres, les buffles.
Les petits écoliers rentrent chez eux. Ils sont en groupes.
Les filles en robe longue bleu vif et voile blanc, mêmes
les petites de cinq ans. Les garçons en pantalon bleu et
chemises blanches impeccables. Tous ont un petit sac à
dos et une petite thermos à la main. Ils sont mignons comme
tout, J'essaie d'en prendre en photos.
Dans les villages on commence à voir apparaitre les rickshaws.
Aucun complexe touristique, la côte est vierge des centaines
de kilomètres de plage au sable fin et à l'eau limpide.
Derrière les plages, des palmeraies où sont installées
les maisons sur pilotis des pêcheurs avec tout autour la
basse-cour et les enfants insouciants. Les gens ne sont pas habitués
à voir des blancs mais les visages ne sont pas hostiles,
ils sont surpris et souriants. Les touts petits enfants nous interpellent
: «hello» Sans doute le seul mot d'anglais qu'ils
connaissent.
RANTO AMBANG
Willy veut absolument monter jusqu'au centre d'observation des
tortues. On peut louer des bungalows très rudimentaires
en bordure de plage. Ce que nous allons faire.
Arrêt au Centre National d'Observation des tortues. Nous
lisons attentivement les explications et regardons les photos.
chaque année entre juillet et septembre, les plus grosses
tortues du monde rampent péniblement sur la plage (généralement
après minuit) pour pondre chacune entre 80 et 100 ufs.
Elles creusent un petit cratère afin de déposer
leurs ufs avant de retourner à la mer. Les ufs écloront
50 à 60 jours plus tard. Les tortues parcourent en mer
des distances considérables, on peut les retrouver au Japon.
Il ya peu de temps encore les ufs étaient recherchés
pour des vertues aphrodisiaques, ce qui menacait l'espèce.
Le gouvernement a donc délimité et surveillé
les zones de pontes en autorisant la population à récolter
les ufs quand 40000 bébés tortues ont gagné
la mer.
Arrêt au «Meranto Inn». L'entrée est
assez clinquante avec un grand panneau lumineux indiquant les
prestations. Un car est garé dans la cour. Nous pensons
que ce sont peut être des voyageurs de passage. En fait
il n'y a personne, ce car devait être hors d'usage depuis
quelque temps.
Passage à la réception, deux personnes dorment.
Ellesnous donnent des clés pour visiter un bungalow. Les
bungalows sont loin de la réception, il faut traverser
une rivière par un petit pont, marcher un peu et ensuite
on aperçoit une dizaine de constructions placées
directement au bord de la plage. Le confort est sommaire, deux
lits, une douche rustique, et un ventilateur. Baba et moi, nous
nous regardons pensant que cette étape sera aventureuse.
Willy marchandera un peu le prix de la location.
Nous nous baignons tout de suite.
Etrange, personne sur cette plage immense. Les bungalows sont
vides. et pourtant des vestiges des années passées
témoignent d'une activité. Bancs le long de la plage,
transats encore en bon état mais abandonnés, poubelles
propres, robinets à proximité des chalets mais pas
d'eau. Où sont donc les clients? La plage est propre, aucun
papier, aucune bouteille. On a l'impression de traverser un no
man's land .
Mer très chaude, limpide, mais la plage descend très
vite, nous ne nous éloignons pas trop. Ces kilomètres
de plage désertes paraissent incroyables. J'ai l'impression
de rejouer «La nuit de l'iguane». Drôle d'atmosphère!
Nous repassons par la réception toujours aussi mystérieuse.
Nous sommes surement les seuls blancs de l'endroit.
Verrons nous des tortues cette nuit ?
Nous rencontrons deux autres français. Ils attendent
les tortues depuis deux jours et deux nuits sans succès.
Nous leur apprenons que la dernière apparition remonte
au début du mois. Ils nous déconseillent le restaurant
du «Méranto». Cher et pas bon.
Après une bonne douche nous irons «en ville»
diner.
Finalement nous sommes tous les cinq les seuls touristes du «Meranto
Inn».
Recherche d'une gargotte. Au marché de nuit, il faut
manger avec ses doigts Après beaucoup d'hésitation
nous entrons dans une gargotte. La seule chose qui rassure Baba,
deux autres blancs mangent.
Les femmes sont voilées, elles nous font choisir les plats
directement dans la marmite. Willy commande un poisson, Baba du
riz frit (valeur sûre pour les intestins) et moi du poulpe.
Allons nous avoir des couverts ? Oui les blancs ont toujours une
fourchette. D'un air sombre et sans conviction, Baba mange un
riz très épicé, je mange mon poulpe sans
trop chercher le goût. Il ne faut pas penser à la
manière dont on cuisine ici. Tout à l'heure, un
serveur prenait directement le riz dans la gamelle, à l'assiette.
Les couverts sont apparament inutiles. Baba d'un air de plus en
plus sombre rêve à des burgers, Willy rêve
à une bière. Ce soir encore nous sommes au coca.
Servis sur une montagne de glace pilée, je me dis qu'il
y a sûrement pas mal d'amibes dans cette eau là.
Nous mangeons pour 11 ringitt (env. 25F).
Retour à notre petit home, à la réception toute la famille est devant la télé.
Oh surprise, dans notre bungalow plusieurs geckos se sont déjà
installés pour la nuit.
La grosse question maintenant est la répartition des lits.
Il y a un lit une place et un lit deux places. Baba ne veut pas
dormir toute seule et moi non plus. Nous dormirons donc toutes
les deux. Installation minutieuses des «sacs à viande».
Il n'y a pas de drap ici. Baba et moi installons des tee-shirts
en guise de taies d'oreiller. Willy se prépare à
une bonne nuit et met sa montre à sonner à 1hOO
du matin pour voir les tortues. Baba se venge sur des gateaux
secs d'une air pensif. Puis nous essayons de dormir.
Brusquement deux geckos se manifestent par leurs cris, Baba et
moi nous fonçons sous nos sacs malgré la chaleur
intense. Baba est en nage, nous n'osons pas sortir la tête.
Willy râle... Nous nous calmons, puis les geckos recommencent
et nous sommes de nouveau sous nos tentes. Willy explique que
ces petits lézards translucides ne peuvent pas tomber sur
nos têtes et qu'ils sont très utiles puisqu'ils mangent
les moustiques. Comme Willy en a marre d'entendre nos cris, il
vient dormir avec nous. Cette fois on a très chaud à
trois dans le lit. Baba entre nous deux se rassurre et nous nous
endormons.
Deux hannetons foncent au-dessus de nos têtes, les geckos
clapent du bec. Alerte aux abris : Baba et moi sous nos draps
! Willy nous ordonne de sortir de la dessous. D'une petite voix,
Baba répond que c'est un réflexe. Nous n'en pouvons
plus de rire. Enfin très tard nous nous endormons.
A une heure le réveil sonne, Willy va voir la plage, pas
de lumière, donc pas de tortues. il revient se coucher
dans son lit cettte fois.
Mercredi 21 Juilllet
Réveil doux, il fait déjà chaud, très
chaud, il n'est que 9h30. vite nous partons déjeuner. Suite
du film «la nuit de l'iguane». La salle est inoccupée,
l'atmosphère toujours étrange.
Dernier bain avant de partir. Mer calme, pas de vent, plage déserte
comme abandonnée, bungalows désespérément
vides, tout cela nous laisse une drôle d'impression, nous
ne prenons même pas de photos.
Départ à midi. L'étape suivante sera Kuala
Terranganu, ville tranquille, célèbre pour ses batiks
et capitale de l'état du Terranganu.
Le long de la route, nous traversons de multiples villages de
pêcheurs, nous nous arrêtons souvent pour prendre
des photos et aussi pour parcourir un peu ces villages à
pied. On ne se lasse pas de ces paysages sauvages. tout est encore
intact , le tourisme n'est pas encore arrivé.
Il faut rouler très prudemment et ne jamais relacher son
attention, car buffles et chèvres traversent sans crier
garepour aller d'une maison à une autre. Baba prend son
appareil pour photographier quatre petits enfants en route pour
l'école main dans la main. Ils sont marrant avec leurs
petits sacs à dos et s'arrêtent pour laisser Baba
faire son cadrage.
Plus loin nous visitons un ilot de pêcheurs (relié
à la terre par une passerelle de bois). Les habitants sont
très pauvres, les odeurs de poisson tellement fortes que
Baba a mal au cur. Il fait une grosse chaleur.
14h00 Arrivée à Kuala Terranganu.
Willy qui n'a pas bu de bière depuis plusieurs jours, cherche fébrilement une gargotte chinoise qui lui permettra de déguster une Guiness.
Baba n'a pas faim et moi non plus. J'ai vu les cuisines avant d'entrer. La vaisselle se fait accroupi sur le trottoir. Je remarque que les chinois essuient leur couvert avant de manger et conseille vivement à Willy d'en faire autant avant d'attaquer ses noddles
Nous allons nous offrir une bonne étape à l'un
des meilleurs hôtels de la ville. Chambre sympa, restau
agréable, chouette piscine. Baba a l'il à nouveau
vif, elle est toute ragaillardie.
Le soir un petit cadeau nous attend sur chaque oreiller : un chocolat
dans un mini-paquet décoré par une orchidée.
Baba toujours rusée écrit Terima Kasi sur un des
emballages, ce qui lui vaudra un autre cadeau le lendemain.
Journée relax, pas de route à faire aujourd'hui.
Nous passons toute la matinée à trainer sur le marché, incroyables étals de fruits et de légumes. Léon n'en reviendrait pas de voir la longueur des haricots verts. C'est la saison des durians, leur odeur forte règne partout.
L'après-midi nous visitons un centre artisanal de produits malais où nous achetons quelques batiks.
Nous essayons de visiter le State Muzium sans succès : impossible de connaitre les horaires. comme c'est la veille du jour férié musulman le musée est fermé.
Retour à l'hôtel, Baba se jette dans la piscine pendant plusieurs heures.
Le soir, repas gourmet au Cascade Grill. Un groupe d'australiens installé derrière nous, nous agacent en photographiant tous leurs plats. Nos estomacs ne sont plus habitués à des mets aussi délicats.
De retour dans la chambre, Baba et moi comptons nos piqures de moustiques. J'en suis à 32.
Vendredi 23 juillet
Départ de Kuala Terranganu. L'objectf de l'étape
d'aujourd'ui est Kota Bharu : capitale de l'état du Kelatan.
Cette ville n'est qu'à quelques kilomètres de la
frontière Thaï. Nous aurons beaucoup de visites à
faire et nous prévoyons deux nuits.
Aujourd'hui est jour férié musulman : sur la route, tous les hommes se dirigent vers les mosquées, tapis de prière sur l'épaule. Tout est fermé dans les villages. Il faut encore s'arrêter fréquemment pour laisser traverser buffles et chèvres. Nous quittons la côte pour prendre une route intérieure, les paysages sont différents, beaucoup plus de cultures.
Arrivée à Kota Baru en début d'après-midi.
Willy adopte la même technique, en rentrant dans la ville
il cherche une gargotte chinoise. La ville est déserte
tout est fermé.
Nous repartons nous installer à l'hôtel. Le personnel
féminin de la réception est voilé. Le groom
qui prend nos bagages est géant et très gros, il
a l'air de sortir tout droit du Palais de Topkapi dans son habit
bariolé. Je pense qu'il s'agit d'un eunuque. Il tortille
des fesses en portant nos bagages et donne une tape amicale sur
l'épaule de Willy. Une fois dans la chambre nous rigolons
Baba et moi. Willy a la même impression que moi, Baba demande
quelques explications
Nouveau départ pour la ville, Baba a repéré
un MacDo dans le centre.
Etonnant ! les serveuses font leur travail en pantalon bleu marine
cintré, chemisier à carreau et voile ! Toujours
avec le sourire. Les serveuses du MacDo de la côte Est,
c'est une image que nous ne sommes pas près d'oublier.
Tout aussi étonnant ce matin, ce sont les femmes qui
servent l'essence, elles sont voilées. Sur la route nous
avions aussi croisé des femmes en moto avec un casque sur
leur voile. Ici le port du voile ne pose pas de problèmes.
Hier soir le long de la mer, tous les habitants faisaient leur
promenade (c'était la veille du jour férié),
certaines filles en jean, tee-shirt et voile, d'autres en survêtement
et voile.
C'est peut-être cela l'islam véritablement intégré
dans la vie quotidienne. En tout cas c'est un islam gai.
Ce soir Baba compte mes piqures: 38.
Willy parle de mieux en mieux le malais, les gens sont épatés. Il connait beaucoup de vocabulaire et sait très bien compter, cela fait plaisir aux malais. Baba s'y met aussi, tout comme à l'anglais.