5 mai 1997

"Une équipe médicale se mobilise
pour opérer à Caen une jeune bosniaque..."

Depuis 1992, Nurija P..., une jeune fille bosniaque, aujourd'hui agée de 17 ans souffrait d'une tumeur cérébral évolutive et n'avait pas pu bénéficier des soins adaptés à son état du seul fait de la guerre en Bosnie-Herzégovine..
En cinq ans, elle a progressivement perdu la vision de l'oeil droit par l'extension de la tumeur...

Aujourd'hui, elle a pu être prise en charge par une équipe médicale caennaise qui s'est mobilisée de manière exceptionnelle en offrant ses soins.

 

Traumatisés par quatre années de guerre en Bosnie, les habitants, la jeunesse surtout, aspirent depuis les accord de Dayton, à retrouver une vie normale dans tous ses aspects, y compris celui de l'accès à des soins décents

Dans ce pays dévasté, la désorganisation du système de santé en rapport avec les déplacements de population, (y-compris chez les médecins qui ont subi eux aussi la mise en oeuvre et les conséquences de la purification ethnique) mais aussi la pénurie de moyens, ne laissaient pas d'espoir à Nurija pour un traitement qui aurait pu être envisagé sur place dans d'autres circonstances

En mars 1996, dans le cadre d'échanges culturels organisés par le RBE, entre des établissements scolaires bosniaques et onze lycées et collèges de l'Essonne, 100 jeunes Bosniaques accompagnés de leurs professeurs ont rencontré leurs correspondants de l'Arpajonnais, pour ces adolescents Bosniaques épuisés par la guerre et les privations, ce voyage est un moment intense paratagé avec les jeunes Français qui les recoivent

Profitant de ce séjour, un bilan de sa maladie est proposé à NurijaP.. Il sera effectué à Paris dans un grand service de neurochirurgie. Selon les spécialistes consultés, une opération doit encore être tentée. devant l'impossibilité de prise en charge en Bosnie ou à Belgrade, ni plus en Croatie pour cette enfant de 17 ans, le seul espoir de guérison et de sa propore reconstruction psychologique nécessaire reste la réalisation de l'intervention chirurgicale à l'étranger.

>Cette intervention ne représente pas seulement la solution médicale à un problème de tumeur chez une adolescente, mais aussi pour son entourage dans sa petite ville de Konic à 5O km à l'ouest de Sarajevo, une réparation symbolique de toutes les privations de soins engendrées par un terrible conflit en Europe et dont beuacoup d'enfants ont été les victimes innocentes.

>Une possibilité est d'abord offerte à Paris, grâce au ministère de l'Action Sociale, dans un grand centre, gracieusement pense-t-on, ouis secondairement, du fait des contraintes budgétaires, contre le paiment d'une somme forfaitaires de 76 000 FF. Ceci est une règle établie par les services publiques de soins et le système hospitalier, y compris, pour la prise ne charge humanitaire, sauf dérogation exceptionnelle.

Il s'ensuit la mobilisation des associations et celle d'élus locaux en région parisienne pour trouver une prise en charge. Mais une telle somme est impossible à réunir, y compris avec la meilleure volonté des membres des associations qui multiplient les initiativs pour offir l'intervention à Nurija.

>Dans le même temps, une demande est formulée auprès du Ministre Jacques Barrot par un député de l'Essonne sensibilisé à ce cas.

En février 97, l'association Réseau Bosnie Essonne (RBE) lance un appel au niveau national. Celui-ci parvient à Caen et est transmis par l'intermédiaire de l'association Citoyens Contre l4oubli à Divers interlocuteurs, médecins spécialistes locaux, mais aussi à d'autres au-delà de la région Normande, tous reconnus et renommés pour leur expérience de ces affections graves.

Après vérification des données chronologiques et médicales concernant cette adolescente, le choix est proposé à plusieurs partenaires potentiels de réfléchir à leurs possibilités de prise en charge médicale en tenant compte des difficultés rencontrées jusqu'à lors par cette jeune fille et ceux qui veulent l'aider à vivre cet espoir de guérison.

Très rapidement, en 24 heures une offre de diagnostic et de prise en charge thérapeutique y compris chirurgicale est faite par trois neuro-chirurgien caennais avec l'ensemble de leur confrères concernée au sein du Centre Hospitalier Privé Saint-Martin de Caen.

Le Directeur de cet établissement, considérant le cas particulier de cette adolescente, acepte que Nurija soit prise en charge au Centre Hospitalier Privé Saint-Martin, sans contrepartie financière. Tous les médecins qui ont été contactés décident spontanément de participer, chacun dans sa spécialité, au diagnostic et au traitement en offrant leurs soins à cette jeune fille bosniaque, sans honoraires.

Une chaine de solidarité s'organise. L'association RBE prend tous les frais administratifs, d'organisation et du voyage à sa charge et Nurija P. Obtient rapidement un visa pour la France. Ces frais pour une grande partie ont été couverts par la générosité des donateurs, à la suite de la souscription pour Nurija. Elle arrive à Caen le 14 avril avec sa mère. Le Lendemain, elle est prise en charge come prévu au Centre Hospitalier Privé Saint-Martin. Le 16 avril parvient à l'association RBE une réponse du Ministre Jacques Barrot offrant exceptionnellement une prise en charge pour cette enfant sur des fonds spéciaux du Ministère, compte tenu du cs très particulier de Nurija.. L'équipe Centre Hospitalier Privé Saint-Martin ayant pris ses engagements antérieurement, souhaite les honorer dans les conditions prévues et Nurija sera opérée à Caen par l'équipe qui s'était gracieusement proposée. L'intervention neurochirurgicale a eu lieu dans la semaine du 28 avril.

Les amis de Nurija, en France et en Bosnie mesurent le geste du Centre Hospitalier Privé Saint-Martin, de son personnel et des membres de la communauté médicale caennaise qui se sont impliqués dans cette opération. Ceci après que semblaient avoir été épuisés toutes les démarches pendant dix mois et après cinq années d'atente angoissée pour Nurija et ses proches. Nous voulons les remrcier ici.

Cette prise en charge, en un minimum de temps, tout en respectant les impératifs de sécurité médicale indispensables dans cette pathologie délicate, illustre la nécessité et la possibilité de porter assistance à ceux qui en ont encore le besoin après ces terribles années en attendant que soit aidée la reconstruction du pays à laquelle chacun en Europe doit être attentif.

>C'est parce qu'ils ont souhaité agir dans la discrétion que nous respecterons l'anomymat des neufs médecins du Centre Hospitalier Privé Saint-Martin qui ont accepté de concourir gracieusement aux soins de Nurija.

Nurija P. est actuellement en convalescence, hébergée avec sa mère dans une famille proche de Caen. Elle retrouvera ses correspondants, amis et famille d'accueil Norvillois avent son retour en Bosnie prévu la deuxième quinzaine de mai. Elle pourrait être suivie dans son pays par le Pr. Dimitrijevic, Chef du Service de Neurologie à l'hôpital Kosevo de Sarajevo. Ce dernier avait été invité à Caen par Citoyens contre l'Oubli les 15-16-17 juin 1996 avec quatre autres médecins de Sarajevo pour le colloque organisé sur "les répercussions psychologiques de la purification ethnique en Bosnie".

Docteur Doppia - Président de Citoyens Contre l'Oubli (Caen 14)
Bernard Roulleau - Président du Réseau Bosnie Essonne (91)

 Contacts :
Citoyens Contre l'Oubli BP 6215 - 14066 CAEN Cedex
Réseau Bosnie Essonne - 21 rue Pasteur 91290 La Norville